Turn off the lights on my way out. [ Adriel <3 ]

« Aoutch » lâchais-je, grimace sur le visage, en m’entaillant légèrement l’avant-bras avec une lame de rasoir. Je vis le sang couler doucement. Je l’essuyais. Plus rien ne coula de la légère plaie, le temps que j’ai mis a essuyer mon sang – c’est à dire 30 secondes à peines – ma coupure s’était refermée. Un large sourire se dessina sur mon visage ; le temps que je mettais a me régénérer devenait de plus en plus court. Ca, c’était cool, vraiment très cool. Je nettoyais la serviette que j’avais utilisé – je n’avais pas vraiment envie d’avoir droit a un sermon de ma belle-mère. – le temps que le sang disparaisse, je n’avais même plus cette petite marque rosée caractéristique. Et bien sûr, pas la moindre cicatrice. « Aiden ? Qu’est ce que tu fais, ca fait 3 heures que t’es cloîtré dans la salle de bain ! » Je grognais. « Ca fait un quart d’heure que je suis là. » Lâchais-je sèchement. « Et puis je fais ce que je veux, vas te faire voir. Sale.. » Mon téléphone sonna. Je m’essuyais les mains et décrochais. « Yo ! – Aiden, c’est June. – je sais. – Ca te dit qu’on se retrouve au bar ? – Ouais ok. Ca roule. Je suis là dans genre.. 20 minutes. – ok, a tout à l’heure. » Je raccrochais et sortais de la salle de bain, bousculant ma belle-mère au passage. Elle râla, mais mes oreilles avaient la capacité spéciale et pratique de ne pas entendre le son qui sortait de la bouche de cette femme ignoble. Je grimaçais alors qu’elle me suivait, j’entrai alors dans ma chambre et lui ferma la porte au nez, sans lui prêter la moindre attention, et tant pis pour elle si je lui coinçais les doigts dans la porte. En fait, non, pas tant pis : Tant mieux. Malheureusement pour moi et mon moral, elle avait retiré sa main a temps. Pff.

Je retirais mon tee-shirt et le balançais dans un coin de ma chambre. Je mettrai sûrement un bon mois avant de le retrouver, celui-là ; On peut pas dire que je sois très ordonné. Ma chambre, c’est un champs de bataille, enfin part le coin où trône Angie. Bref, j’enfilais un tee-shirt propre – je crois que j’avais mis du sang sur l’autre – et comme je ne suis pas vraiment un original pour les vêtements, j’optais pour un tee-shirt noir, tout simple. J’enfilais ensuite un pull, parce qu’il faisait nuit, qu’il ne faisait pas très chaud, et que je n’avais pas envie de… J’allais dire de tomber malade, mais je doute que ca m’arrive, ca. Bref, j’attrapais mon sac a dos et sortit de la chambre. « Tu compte aller où ? » Aie, le paternel s’y mettait. « Voir June. » J’ai répondu du tac au tac, cela faisait longtemps que j’avais perdu tout respect pour cet homme qui se prenait – de temps en temps – pour mon père. « Non. Tu te crois dans un moulin ou quoi ? Et t’as vu l’heure ? » Je grognais. J’allais encore devoir faire le mur. « Qu’est ce que ca peut te foutre ? Retourne bosser, tu sais faire que ca. » Vlan, la baffe était partie sans que je la vois venir. Je lui lançait un énorme sourire. Comme si la baffe d’un pauvre humain me faisait quelque chose, après avoir été massacré a deux reprises par Seth le vampire sadique et sanguinaire. « Parce que tu crois encore que tu as la moindre autorité sur moi ? Laisse moi rire. Pff.. Si maman voyait ce que t’es devenu.. » Crachais-je, amer. Je le détestait tant, ca devait se lire sur mon visage. Je du le blesser profondément, puisqu’il parti sans demandé son reste. « Fais ce que tu veux, jette toi dans la gueule du loup comme la dernière fois. » Je le coupai avant qu’il ne rajoute que je finirai seul a l’hôpital et que je me démerderai tout seul . Dieu sait a quel point je n’accordais aucune importance a ce qu’il venait de me dire. Il ne le saurait jamais, mais je sortait serein a présent : Un vampire pouvait me faire du mal, mais ne pourrai pas me blesser pour de bon, et ca m’étonnerai qu’il puisse me tuer. Même si ca, j’en étais pas sur, et je n’avais pas vraiment envie d’essayer.

Comme mon géniteur avait décidé de lâcher l’affaire – c’était vraiment devenu simple, trop presque – je suis sorti en claquant la porte, montrant bien que voilà, j’étais parti. Et j’aurais presque rajouter « je suis parti, ouais, et je t’emmerde. » mais j’étais attendu, je n’avais pas le temps. J’allumai une cigarette, que je fumais sur le trajet. Je n’avais jamais culpabilisé pour ma santé en fumant, mais maintenant, je culpabilisais encore moins. Tiens, d’ailleurs… Je me brûlais la main avec ma cigarette. Non, je ne suis pas maso, je veux juste voir jusqu’où allait mon… Don, pouvoir, peut importe comment on l’appelle. Je voulais juste voir ce que je pouvais supporter. Bref, j’observais la réaction de ma peau ; elle brûla bien évidemment, elle se flétri, et puis rapidement, elle redevint normale, comme le reste de ma main. Je n’avais absolument aucune marque. A nouveau, je souris. J’étais vraiment satisfait, là. Je savais que par contre, mes os se réparait a vitesse presque normale. Mais que je n’avais jamais de séquelles. Bahh, c’était déjà ca, je n’allais pas me plaindre ! J’écrasais finalement mon mégot par terre avant d’entrer dans le bar. Je cherchais June du regard, mais ce que je vis – a part des chaises vides, des serveuses, et deux couples d’ado – c’était surtout les regards étranges des vampires. Je sais pas, j’avais la même sensation que celle qu’un poulet doit avoir quand il est rôti a la broche en pleine place, le samedi matin pendant le marché, et que tout le monde le regarde en salivant. Argh, je ne mangerai plus jamais de poulet. Pauvre bête. Ca doit faire mal, en plus, de se faire rôtir. Brr. Je fronçais les sourcils et m’apprêtais a faire une remarque quand la serveuse – Samantha, Amanda, Marischka.. Enfin, un truc qui fini en a – vint m’aborder. Parce que je suis très, très gentil, je vous résume le flot considérable de paroles qui est sorti de son ignoble bouche en cœur. En gros, ca se résumait à « salut, comment ca va ? et ton groupe ? tu t’es pas fait agressé par un vampire depuis la dernière fois ? tu veux t’asseoir où, comme tu le vois y’a pas beaucoup de monde. Je te sers quoi ? » Du silence ! Sers moi du silence ! Je soupirais et m’installais à la première table venue. Je la regardais, ne cachant pas a quel point j’étais exaspéré, et je lui lançais « Un coca… Te plaît » J’eus du mal a ajouter la marque de politesse tant cette fille était horripilante. Je jetais un coup d’oeil a mon portable. Pas de messages de June, et j’étais un peu en retard. Lui et sa cadillac auraient du arriver bien avant moi. C’était vraiment pas normal. Et voilà, je recommençais a m’inquiéter pour June, comme une mère poule. Décidément, moi et la volaille, on était fort liés. Et puis tout ces vampires qui me regardaient ; l’un avec envie, l’autre comme si le simple fait que je sois là le fasse horriblement souffrir, et un autre avait même un rictus bizarre sur le visage. Je réprimais un frisson et priais pour que June arrive avant que je finisse de la même manière que le poulet rôti : Dans un sac.

« Aiden. » Je sursautais. Bordel de… Je levai les yeux et tombais nez à nez – ou presque – avec Adriel. Je soupirais. Quand est-ce qu’il allait arrêter de me parler avec ce ton froid très légèrement effrayant ? Non mais vraiment ! Je le regardais s’asseoir, cachant plus ou moins bien ma déception. Bah oui, quoi ? J’aurais préféré voir June, moi. « Ce n'est pas très malin de rester ici. Tes pouvoirs te donnent une odeur particulièrement alléchante pour nous autres... » Je me renfrognais, le traitant intérieurement de rabat-joie et de vampire pas diplomate. Les euphémismes, ca le connaissait pas, visiblement. En plus, c’est pas que, mais ca me rassurait pas ses conneries. Moi qui voyais déjà Seth a tout les coins de rue, manquait plus que je m’imagine que tout les vampires voulaient me transformer en un casse-croûte géant. Franchement, merci. Je haussais les épaules « Pour dire la vérité je m’en fous un peu. » c’était pas tout a fait vrai, mais ce n’était pas tout à fait faux non plus, quoi. Je m’attendais a ce qu’il réponde quelques chose, n’importe quoi même, mais il se contentait de me fixer avec une expression bizarre. « Ouh ouh, Adriel ? Tu m’écoute ou quoi ? » pas de réponse. Je soupirais en me demandant s’il avait souvent des absences comme ce – pauvre Enea, quoi – et je passais ma main devant son champ de vision, histoire d’essayer de le ramener sur terre. « Adriel ? Nom de Dieu c’est quoi ton problème ? Hein ? » ah, enfin, il réagit. Enfin, un raclement de gorge, c’était pas vraiment une vraie réaction mais bon, c’était déjà ça, au moins il arrêtait de me fixer comme un demeuré. « Laisse tomber. » Il valait mieux, en effet. Je n’insistait pas. « Il faut que je te parle Aiden... » Je me raidis, ca avait l’air trop sérieux pour moi, ca. Ca sentait pas très bon, en tout les cas. « …de June. » merde. Là, vraiment, c’était vraiment, vraiment pas bon. Je me redressais et croisait les bras, lui montrant bien que j’étais absolument attentif, oh ca pour être attentif, je l’étais. C’était limite si je ne lui sautait pas a la gorge pour qu’il me dise tout, et tout de suite. Et j’avais un mauvais pressentiment, d’autant plus qu’il était censé le surveiller. Ce pressentiment s’accentua lorsqu’il posa sa main sur mon épaule. J’eus l’impression que je ne m’habituerais jamais au froid de la poigne vampirique, et je réprimais un frisson, content d’avoir eu la bonne idée de mettre un pull. Je me retins tant bien que mal de trépigner de l’insulter jusqu'à ce qu’il crache le morceau ; je n’étais pas un enfant – contrairement a ce qu’il croyait – j’étais parfaitement capable de supporter les mauvaises nouvelles. Bon, en fait, pas tant que ca, je réagissait souvent très mal. Mais j’allais devenir fou a m’inquiéter peut-être pour rien. « Aiden, il a été attaqué. Tu ne peux plus lui faire confiance. C'est un vampire maintenant. » Je le regardais fixement, sous le choc. Je ne sais pas ce qui m’as le plus choqué – que June se soit fait attaqué, qu’il soit un vampire, ou qu’Adriel me dise de ne plus lui faire confiance –, mais en tout les cas j’avais l’impression de m’être reçu un coup de poing dans le ventre. Je me repassais plusieurs fois la bande son dans ma tête. Et je bloquais sur cette phrase « tu ne peux plus lui faire confiance. », et je fronçais les sourcils. Brusquement, je repoussais le bras d’Adriel. Je me fichais pas mal de son ton chaleureux et de sa main-glaçon sur mon épaule. Non, vraiment. « Putain…, Adriel, tu… tu dis vraiment que des putains de conneries. La vache... » Je ne doutais pas du fait que June – mon June, mon pauvre June – soit devenu un vampire, Adriel ne m’aurait pas mentis a ce propos, mais vraiment, le reste c’était n’importe quoi. Je lui faisais bien confiance, a lui, alors qu’il avait mordu. Je ne voyais pas en quoi June ne mériterait pas ma confiance. « Il ne me fera rien. » Affirmais-je « Ne fais pas comme si tu le connaissais, ok ? » avais-je marmonner un peu brusquement. Je frappais du poing sur la table et me levais d’un bond. « Tu veux ma photo, toi ? » crachais-je en passant a côté de la serveuse. Je crois que je l’avais limite faite pleurer tellement je lui avait parlé méchamment. Je m’enfermais dans les toilettes du bar.

Je jurais. June était un vampire. June était un mort-vivant. June était mort. Merde ! Je m’adossais contre la porte que j’avais fermée a clef. Je sentais la crise pointer le bout de son nez. J’appelais ca des crises parce que c’était toujours inattendu, incontrôlable et très violent. Ca me faisait ca a chaque grosses mauvaises nouvelles. Ca m’était arrivé quand j’avais appris que mon père allait se remarier , et quand ma petite sœur est morte.. J’avais littéralement ravagé toute ma chambre. Là, June était mort. Oh bien sûr il était toujours plus ou moins vivant ; mais dans quel état ? Je connaissais June depuis qu’on avait 5 ans. Je le connaissais très bien. Et quand il disait qu’il détestait les vampires, je savais qu’il ne plaisantait pas. Dans quel état devait-il être ? Je me demandais comment il se sentait mentalement. Sûrement très mal, j’essayais de me mettre a sa place, j’imaginais. Et je souffrais a la fois pour lui et pour moi. Je me laisser glisser le long de la porte et me prit la tête dans les mains. D’ordinaire, je pétais les plombs a la maison, ca coûtait moins cher en explication et en mobilier. Mais là, j’avais déjà les poings serrés, prêts a cogner. Je me mis a faire les cents pas dans les toilettes, ravalant mes larmes a chaque souvenir qui revenait ; la première fois que June avait chanté devant moi, le jour où on avait fondé le groupe, la fois où il m’avait ramassé à la petite cuillère a la mort de ma sœur, notre premier morceau… J’envoyais avec toutes mes forces mon poing dans le miroir. La douleur fulgurante irradia tout mon bras. On ne peut pas dire que ç’avait été discret, mais au moins, ca m’avait soulagé. Je soufflais, m’attendant déjà a ce que les plaies se referment. Mais je jetais un regard sur ma main et j’écarquillais les yeux ; le sang continuait de couler. J’écarquillais les yeux encore plus. Mais ca voulait dire quoi tout ca ? « refermes-toi putain ! » marmonnais-je. Je retirais mon pull, mon tee-shirt, puis je remis mon pull – c’était tout un bordel en fait – et puis j’entourais mon poing avec le tee-shirt. J’attendis. Quand je le retirais, toutes les plaies s’étaient refermées, hormis une plus profonde. Je l’examinais attentivement. « putain de morceau de miroir de merde ! » Je grognais en le retirant. Il était vraiment entré profond, et si je n’avais pas su que je pouvais me régénérer, j’aurai sûrement paniqué comme pas possible. J’ai du faire un boulot de boucher mais j’ai réussit a le virer. Ca m’apprendra a casser des trucs qui ne m’appartiennent pas. Je fis un pansement avec mon tee-shirt. Il faudrait sûrement plus de 30 secondes a cette plaie pour se refermer… J’envoyais mon pied dans une des portes des cabines. J’étais très franchement en colère. Quelle nuit de merde.

Je sortais des toilettes et rejoignit Adriel d’un pas rapide. Je ne pris même pas la peine de m’asseoir. Je me suis penché sur la table, je l’ai regardé droit dans les yeux et j’ai simplement dit « Aide moi à le retrouver. » Je ne me reconnaissais pas. Franchement, ca ne me ressemblait pas de parler comme ca a quelqu’un – surtout un vampire – mais là, c’était vraiment un cas d’extrême urgence. June était un vampire, et il était avec ce connard qui l’avait transformé sans son accord – c’était certain, pas la peine d’être devin pour le savoir. Je devais le retrouver, et je trouverai June, même si je devais faire le tour de Napalee en hurlant et en courant, même si je devais me faire attaquer par tout les vampires de la ville. C’est juste que ce serai plus sur, plus simple et plus rapide si Adriel m’aidait. Les vampires avaient un super odorat, non ? Pour une fois il servirait la bonne cause ! Je grimaçais et secouais ma main. Purée, ca faisait un mal de chien. Bon, au moins, ca m’avait calmé et ca m’avait empêché d’éclater en sanglot, d’hurler, ou de faire je-ne-sais-quoi de super dangereux. Mais quand même, c’était cher payé. J’attrapait mon sac à dos et le jetais sur mon épaule. « Ecoutes Adriel, que tu m’aides ou non, j’irais le chercher. Alors réponds moi ; oui ou non ? » J’étais sec avec lui, j’en avais conscience, mais je n’arrivais pas à m’en empêcher. Je lui en voulais un peu, pour dire la vérité. Après tout, il m’avait dit qu’il ferait attention à June. J’étais bien curieux de savoir où il était et ce qu’il faisait quand mon pauvre June s’était fait saigner a blanc par l’autre cinglé. Je serrais mon poing intacte. Je sentais que l’autre se régénérais doucement mais sûrement. « Euh, Aiden.. Ton.. Ton coca.. » Je regardais méchamment la serveuse. « j’ai autre chose à foutre. » répondis-je sèchement, je jetais un coup d’oeil à Adriel ; lui signifiant que je l’attendait dehors, libre à lui de me rejoindre ou non. Une fois dehors, j’allumais une cigarette. « Bordel de merde, June. Où tu t’es barré sale con ? »